Sony est entreprise qui nous vient tout droit du Japon. Elle s’est spécialisée dans l’électronique en proposant aujourd’hui des télévisions, des enceintes et ici des smartphones. Connus pour leurs formats originaux, les smartphones Xperia ne sont pourtant plus si populaires que d’en-temps et il devient aujourd’hui rare de trouver une personne qui en est équipée d’un. Pour autant, la marque s’est rattrapée avec l’excellent WH-1000XM3, son casque avec réduction de bruit active. Le Sony Xperia L4, du haut de ses 200€, sera-t-il le smartphone qui fera remonter la pente à Sony ?
Design et prise en main du Sony Xperia L4
A notre grande surprise, le design du Sony Xperia L4 est incroyablement bien réussi. Bien que le téléphone ne soit fait que de plastique (sauf pour l’écran lui en verre), il dégage un ressentiment de qualité incroyable. La texture de ce plastique noir avec des paillettes microscopiques donne aux yeux un effet d’aluminium brossé comme sur l’iPhone 7 Noir Mat. Ce même plastique a un bon touché, unique au plastique, qui n’essaie pas d’imiter le verre comme sur le Realme 6 Pro.
Sur le dos du téléphone, on remarque trois inscriptions : le logo Sony au centre, le logo Sony en bas et un logo NFC en haut du téléphone, preuve que même sur un smartphone bas de gamme, l’absence de NFC n’est pas une fatalité. Sur la face gauche, on retrouve tous les boutons de l’appareil : le bouton Power et les deux boutons pour changer le volume.
On retrouve aussi un capteur d’empreintes digitales qui n’est pas confondu avec le bouton Power. La dissociation du bouton Power et du lecteur d’empreintes digitales est assez malheureuse du fait que ce ne soit pas le cas sur le Realme ou sur le Honor 20. Sur le côté gauche, on retrouve le tiroir sim qui a pour la particularité de s’ouvrir avec l’ongle et non pas avec un éjecteur sim classique. Sur le bas, on retrouve un port USB-C ainsi que deux bouches pour les haut-parleurs.
Finalement, le coup de génie sur ce design est basé sur deux points : l’absence d’excroissance pour l’appareil photo et le format en longueur. Pour le premier, le module photo avec trois optiques et un flash ne dépassent pas du dos du téléphone comme sur la très grande majorité des smartphones de nos jours. Enfin, l’autre force de ce téléphone est son format 21:9, c’est-à-dire cinématique. Ce format tout en longueur est bénéfique du fait que le téléphone tient bien en main.
Écran et biométrie
Le Sony Xperia L4 ne nous aura pas épatés par son écran. Bien que son format 21:9 soit une réussite pour regarder du contenu vidéo, celui-ci pêche dans de nombreux domaines. Le premier est celui du clavier : avec un écran d’une largeur si petite, le clavier apparaît minuscule et il devient donc compliqué de dactylographier.
Ensuite, le deuxième vient de la qualité exécrable de l’écran. Pour le prix, on ne pouvait bien sûr pas s’attendre à une magnifique dalle AMOLED, mais sur ce Sony Xperia L4, cela dépasse l’entendement. La dalle IPS LCD de seulement 720 x 1680 pixels (pour une densité de pixels de 295 ppi) n’est même pas compatible 60 Hz.
Par conséquent, un flou de mouvement est appliqué, ce qui n’est pas très confortable à regarder. Le smartphone ne rend pas fluide avec une dalle lente alors que certains constructeurs ont un rafraîchissement d’écran quatre fois plus rapide, bien sûr sur des mobiles plus chers. Cependant, ce qui finit d’achever cette dalle reste ses très mauvais angles de vision et sa colorimétrie douteuse.
Du fait que la dalle est très longue, les couleurs paraissent nettement plus chaudes en bas de l’écran que sur la partie supérieure. Mais, les mauvais angles de vision rendent ce téléphone très déplaisant à utiliser. Il suffit de bouger très légèrement l’écran du téléphone pour avoir l’effet d’une Nintendo 3DS.
Sinon, l’écran du téléphone n’est pas non plus très lumineux ce qui nous faire dire en somme que l’écran de ce smartphone n’est réellement pas bon, voir mauvais. Cet écran possède une petite encoche en forme de goûte d’eau qui lui permet de faire paraître l’appareil photo frontal.
Caractéristiques du Sony Xperia L4
Modèle | Sony Xperia L4 |
Système d’exploitation | Android 9.0 Pie |
Processeur | MediaTel Helio P22 |
Mémoire vive | 3 Go |
Taille d’écran | 6,2 pouces |
Définition d’écran | 1680 x 720 pixels |
Densité de pixels | 295 PPP |
Stockage | eMMC 5.1 |
Caméra arrière | 13 MP, f/2.0, 26mm (wide), 1/3.0″, PDAF 5 MP, f/2.2, 17mm (ultrawide), 1/5.0″, 1.12µm 2 MP, f/2.4, (depth) |
Caméra frontale | 8 MP, f/2.0, 27mm (wide), 1/4″, 1.12µm |
Audio | Mono et port Jack 3,5 mm |
Connectivité | Wi-Fi 802.11 a/b/g/n, Bluetooth 5.0, NFC, GPS, |
Biométrie | Capteur d’empreinte digitale sur le rebord |
Connectique | USB type C en 2.0 |
Batterie | 3080 mAh avec USB Power Delivery |
Poids | 178 grammes |
Dimensions | 159 x 71 x 8.7 mm |
Performances
Si l’écran avait pu vous désintéresser de ce Xperia L4, c’est que vous n’avez pas encore entendu parler de sa puissance. Avec un SoC (pour System on a Chip) Helio P22 de chez MediaTek, le smartphone ne déborde pas de puissance. Il est à vrai dire le plus lent que je n’ai jamais testé et cela se ressent dans toutes les utilisations, même les plus simples.
Sur les deux logiciels majeurs de benchmarks pour Android – Antutu Benchmark et GeekBench – le téléphone ressort avec des résultats spécialement impressionnants. Voici un tableau comparatif entre le Xperia L4, le Xiaomi Redmi Note 9 (avec un prix similaire) et un OnePlus 8 avec le dernier fleuron de chez Qualcomm dedans, le Snapdragon 865.
Sony Xperia L4 (MediaTek Helio P22) | Redmi Note 9 (MediaTek Helio G85) | Realme 6 | |
GeekBench 5 | 748 | 1309 | 1657 |
Antutu Benchmark | 94 000 | 205 000 | 288 000 |
Sur tous ces deux tests, Le Redmi Note 9 explose son confrère le Xperia L4 en marquant le double des points, c’est-à-dire que le Sony est deux fois moins puissant que son confrère similairement tarifé. Cet écart se montre surtout dans Antutu Benchmark qui prend en compte la puissance GPU du processeur graphique PowerVR GE8320.
Les si basses performances du Sony Xperia L4 s’expliquent en deux points : un SoC bas de gamme et qui en même temps date de 2018 alors que le smartphone est sorti en 2020. Avec ce SoC décevant, ce sont 3 Go de mémoire vive et 64 Go de stockage qui occupent ce téléphone. Pour ce qui est de la mémoire vive, c’est dérangement peu à la vue de la consommation de RAM des applications sur Android. Enfin, pour la ROM, les 64 Go sont amplement suffisants pour un smartphone bas de gamme, mais nous déplorons quand même que la mémoire soit en eMMC et non en UFS 2.1, ce qui ralentit le téléphone.
Test 3DMark | Sling Shot | Sling Shot Extreme | API Overhead |
Résultat | 730 | 477 | – |
En termes de RAM, les débits ne sont clairement pas réjouissants avec à peine plus de 1000 Mo/s en lecture et un peu plus de 1000 Mo/s en écriture. Quant aux latences, elles sont de 221 ns, un record que nous n’avions encore jamais atteint. Pour information, d’autres smartphones concurrents pour un tarif similaire ont des latences 2 fois plus faibles.
Au niveau de la puce de stockage, pour ce qui est des débits en lecture et en écriture, c’est correct et ce à quoi on peut s’attendre pour un téléphone de cette gamme. Avec ses 200 Mo/s en lecture et 155 Mo/s en écriture, il s’avère plutôt bon. Enfin, la partie graphismes 3D n’est vraiment pas bonne du tout quant à elle avec 4 images par seconde en test simple et 8,6 fps en OpenGL, ce n’est clairement pas terrible.
Interface du Sony Xperia L4
Sony nous aura épatés en tous points avec son interface : la marque ne se prend pas la Rate au court-bouillon et propose une version très légèrement modifiée d’Android Stock, c’est à dire du code source d’Android avant que le constructeur ne lui rajoute de surcouche. L’avantage d’avoir un Android des plus purs reste la simplicité, mais aussi la légèreté de l’OS pour les petits smartphones. En l’occurrence, avec cette interface très proche d’AOSP (pour Android Open Source Project), le téléphone se débrouille avec son tout petit SoC Helio P22.
Sony a aussi fait le choix de ne pas inclure beaucoup de bloatwares. Seules une application Booking.com ainsi qu’un autre AccuWeather sont préinstallés sur le téléphone.
Cependant, même avec si peu d’applications installées, le téléphone est lent. Non seulement il n’est pas fluide, mais il lag aussi. Par exemple, lorsqu’on lance Google Maps, la navigation sur la carte n’est pas fluide, mais le retour à l’accueil n’est pas réactif non plus. Alors que le téléphone n’a aucune application tierce installée dessus, nous ne préférons même pas savoir l’état du téléphone une fois toutes les applications installées.
Les rares modifications de l’interface sont très subtiles. Par exemple, l’horloge sur l’écran verrouillé affiche le numéro deux heures en gros avec la date et les minutes en plus petit à gauche de celles-ci. Par défaut, présente une fonction de détection latérale, similaire à ce que propose Oppo ou Samsung. Dès lors qu’on swipe sur cette pilule, le smartphone propose une myriade de fonctions telles que la calculatrice, l’enregistreur ou la capture d’écran. Sony a aussi fait une application appareil photo totalement différent de celle de base sur Android Stock. Elle est bien sûr bien plus complète, mais ne nous fait pas oublier la qualité décevante de l’appareil photo.
Un énorme défaut de ce Sony Xperia L4 reste sa version d’Android. Le téléphone n’a pas été porté à jour sous Android 10 alors que cela ne coûte quasiment rien à Sony vu le faible nombre de modifications qui ont été ajoutées à Android. Alors qu’Android 10, qui suit Android Pie est sorti il y a dorénavant 10 mois, nous n’osons même pas imaginer une éventuelle mise à jour vers Android 11. Le fait que le téléphone soit encore sous une vieille version d’Android l’empêche d’avoir des nouveautés telles que la navigation par gestes ou encore l’enregistreur d’écran natif.
Photographie
En termes de photographie, le Sony Xperia L4 ressort comme un smartphone passable. Il n’est clairement pas un photo-phone de qualité, mais en même temps c’est tout à fait normal pour son prix. Par rapport à un certain Redmi Note 9, que l’on retrouve dans la même gamme de prix, le smartphone de Sony ne s’en sort pas si bien.
Le Xperia L4 est équipé de trois appareils photo au dos ainsi qu’un en façade pour les selfies. L’objectif grand-angle, sélectionné par défaut a le meilleur rendu des deux. Il est équipé d’un capteur de 13 mégapixels de taille 1/3″ avec autofocus PDAF. Il donne des résultats passables qui suffiront à une grande partie des utilisateurs, mais dont il ne faudra pas attendre de la qualité. Les couleurs sont un peu saturées et le manque de détail sur les zones sombres de l’image ne rend pas spécialement bien.
A noter que l’appareil se débrouiller pour transcrire proprement les couleurs du ciel sans qu’elles ne soient surexposées. Là où le Xperia L4 commence à faiblir, est sur sa caméra ultra grand-angle de seulement 5 mégapixels. À vrai dire, les images sortant de celle-ci ressemblent plus à des captures d’écran d’un flux d’une caméra de vidéo surveillance que d’un cliché à proprement parler. Les zones d’ombre deviennent alors complètement invisibles et le ciel est à la limite d’être crâmé. L’optique subit aussi une grosse distorsion visible sur la courbure des câbles sur la photo. Bien sûr, le piqué est très mauvais avec des détails invisibles notamment sur les briques du mur.
La seule caméra avant donne un rendu en mode portrait qui nous étonne de part sa basse qualité. Le smartphone n’est même pas capable de bien me contourer, que ce soit pour mes cheveux (pourtant pas bien compliqués) ou mon cou. Une partie de mon visage se fait flouter alors qu’il reste un petit bout d’arrière-plan non flouté. Mon visage est complètement lissé, ce qui ne laisse pas apparaître les impuretés du visage, mais laisse un effet de trop dans la retouche.
Pour conclure, le Xperia L4 est capable de faire des photos basiques, pas plus. Il ne faudra pas compter sur ce téléphone pour refaire Le Baiser de l’hôtel de ville.
Qualité audio
Une des qualités d’un bon smartphone reste son haut-parleur. Effectivement, avoir un bon haut-parleur permet de bien entendre sa sonnerie en cas d’appel, mais plus largement d’écouter de la musique ou une vidéo avec aisance. La qualité globale s’évalue premièrement en termes de volume. Si le téléphone a un haut-parleur puissant, cela permet de mieux entendre toute sorte de contenu : de la musique en plein air à sa sonnerie. En matière de qualité audio, le Xperia L4 s’en sort comme un smartphone de son prix.
Un seul haut-parleur en bas du téléphone émet tout le son (alors qu’il y a deux bouches) bien qu’il sature dès que l’on pousse le volume un peu haut. Notons que le port jack situé en haut du téléphone donne un son de qualité, qui vient peut-être du savoir-faire de Sony dans les baladeurs. Pour autant, on ne peut pas en dire de même pour l’application qui gère la musique. Elle est malheureusement trop lente, disgracieuse et un peu désorganisée par rapport à ce que Realme propose sur son 6 Pro ou avec l’excellente application Zplayer, imitant l’interface du baladeur Zune de Microsoft.
Autonomie
A l’heure des smartphones avec 4000 mAh, voir 5000 mAh, le Xperia L4 ne comporte qu’une petite batterie de 3580 mAh. Aujourd’hui, beaucoup de smartphones d’entrée de gamme se spécialisent sur l’autonomie avec des batteries énormes ainsi que des petits processeurs basse consommation, ce qui n’est malheureusement pas le cas du Sony Xperia L4. Il n’est pas mauvais comme un certain Google Pixel 4 ou iPhone SE, mais ne durera certainement pas deux jours avec une bonne utilisation. A savoir que le téléphone est compatible recharge rapide Power Delivery à travers son port USB-C, mais le constructeur ne communique pas sur son wattage maximal.
Test Sony Xperia L4 : Avis
Bien qu’ayant un beau design particulièrement réussi réussi pour la catégorie, le Sony Xperia L4 ne nous aura pas convaincus à cause de ses nombreux défauts que sont sa caméra, son écran et sa puce sous-dimensionnée pour l’ampleur de l’appareil. L’écran n’est à vrai dire pas bon avec des angles de vision mauvais et une résolution résolument trop basse. La caméra, même replacé dans le contexte d’un smartphone bas de gamme ne vaut pas le coup. Enfin, sa puce ou SoC finit de l’enterrer en le rendant lent et peu fluide, ce qui n’améliore pas l’expérience déjà plombée par l’écran.
Sony ne risque pas de reconquérir le marché avec son Xperia L4 qui a de nombreux défauts et ne tient pas face à la concurrence chinoise de Realme, Oppo ou encore Xiaomi. Pour autant, le groupe nippon garde de bonnes bases de construction en gardant son propre style.