Les montres connectées se veulent comme une déportation du smartphone vers le poignet. Pour quelle utilité ? En fait, plusieurs. C’est premièrement pour afficher l’heure sans avoir à sortir son téléphone à une époque où beaucoup de gens se désolidarisent de leur montre. C’est aussi pour mesurer plus précisément son activité. Ces montres sont bardées de capteurs pouvant ressortir des données d’activité ou de santé.
Puis, la dernière utilité se trouve dans les notifications qui arrivent directement au poignet sans sortir son téléphone. Pourtant, avoir un tel accès aux notifications pose des questions sur la notion de temps de cerveau disponible. Alors même que l’on n’est pas devant un écran, la petite vibration va faire lever le poignet pour retomber dans les mains des grandes plateformes du numérique qui ne veulent que capter notre attention.
Le marché des montres connectées se définit actuellement avec Apple et sa Watch puis loin derrière les Garmin, Withings, Mobvoi, Samsung, etc. Une telle segmentation est le résultat de très bonnes ventes de la part d’Apple qui est devenu en quelques années le premier fabricant de montres — tout court. De telles ventes sont la raison d’une intégration transversale entre les appareils Apple. C’est aussi une réputation, un objet fashion avec un look devenu iconique.
Enfin c’est une interface réussie, un pari sur la vie privée et quelque part l’acquisition d’un statut social. Oppo pourrait tenter de réussir son entrée avec ses téléphones qui permettent la symbiose du fameux écosystème et se dorer le blason en devenant fashionable. C’est du moins ce que tente la Oppo Watch 41 mm.
Design
La conception de la Oppo Watch 41 mm ne tente pas de se différencier de la montre n° 1. Au cours de mon utilisation, il m’a été courant que l’on me dise « toi, Pierre-Gilles, avec un Apple Watch, sérieusement ? ». Que nenni, il s’agissait bien de la Oppo Watch 41 mm. Cette montre adopte donc un design carré, à l’inverse de beaucoup de montres Android WearOS qui adoptent un style plutôt rond, comme la TicWatch E2.
Ce point est plutôt positif, car cela laisse de la surface supplémentaire à l’interface pour s’afficher. Le schéma est sensiblement le même qu’un téléphone à la mode. Un châssis de métal est pris en sandwich entre un écran et un dos. Cet écran est recouvert de verre et le dos nous à l’air en plastique au toucher. Vu sa forme complexe, il aurait coûté très cher à fabriquer en verre. Effectivement, les capteurs placés au centre du dos sont surélevés par un dôme.
On retrouve au-dessus de ce dôme le logo Oppo et en dessous les pins pour la recharge. De part et d’autre du boîtier, il y a des boutons permettant de défaire le bracelet. Malheureusement, Oppo n’a pas choisi la simplicité avec des bracelets propriétaires sans compatibilité avec les bracelets habituels. Par ailleurs, le bracelet silicone fourni avec la montre est décevant. Il s’use rapidement et laisse un rendu différent à l’intérieur de l’extérieur au bout de quelques jours. Il faudra donc compter sur les bracelets vendus par Oppo ou bien un adaptateur vers les montures classiques.
Les similarités avec la montre Oppo Watch 46 mm sont nombreux, mais la 41 mm ici testée nous paraît comme une version lite de la première. L’écran n’est pas incurvé, la finition ne paraît pas aussi belle que sur les photos, la batterie n’est pas à même, ni la résistance à l’eau (4 vs 3 ATM pour notre version). Par ailleurs, l’insertion de l’écran dans le châssis qui se fait joliment sur la 46 mm se retrouve avec un anneau en plastique autour de l’écran comme sur les smartphones bas de gamme ; plutôt triste pour une montre qui tente un effet fashion, pas geek.
Ce sont finalement deux montres bien à part, bien plus différentes que deux Apple Watch de taille différente. Par ailleurs, Oppo ne fait presque jamais la promotion de la petite montre, peut-être pas au niveau ?
Il est à noter que Oppo utilise dans sa Oppo Watch 41 mm le SoC de chez Qualcomm, le Snapdragon Wear 3100. Cette puce, dernière de sa génération permet d’allier performances et autonomie. Pour ce qui est de l’autonomie, c’est peut-être à revoir, mais pour les performances, jamais nous n’avons eu à nous plaindre de quelque ralentissement.
Caractéristiques de la Oppo Watch 41 mm
Modèle | Oppo Watch 41 mm |
Batterie | 300 mAh |
Matériau de la lunette | Verre |
Matériau du boitier | Plastique & alliage aluminium |
Embouchure de bracelet | Propriétaire |
Bracelet | Silicone |
Dimensions du boitier | 41.45 × 36.37 × 11.4 mm |
Format d’affichage | Carré |
Définition d’écran | 320 x 360 pixels |
Technologie d’affichage | AMOLED |
Poids | 30,1 g |
Autonomie | 1 journée |
Résistance à l’eau | 3 ATM |
Mémoire / historique | 8 Go de ROM |
Écran
La Oppo Watch 41 mm se démarque par son écran. Celui-ci est, à l’opposé de beaucoup de montres connectées, carrées — ou plutôt rectangulaire. Une toute petite dalle d’une diagonale de 1,6 pouces recouvre la face avant. Elle opte pour une définition de 320 par 360 pixels. Cette définition ne nous paraît pas suffisante : on voit à l’œil nu les pixels indépendamment et la dalle elle-même n’est pas d’une qualité incroyable.
Par ailleurs, en plein soleil, la luminosité de l’écran est clairement insuffisante si l’on ne décide pas de l’augmenter dans les paramètres. Ensuite, l’écran n’a pas de bordures homogènes. Par rapport à ce que suggèrent les infographies, la bordure inférieure de la montre est bien plus large que les trois autres. La différence d’épaisseur entre les bordures dessert la montre et lui donne malheureusement un effet bas de gamme à la montre. On retrouve sur la tranche droite deux boutons — un long et un plus court — et sur la tranche gauche la grille du haut-parleur.
Un mode Always-on-Display est aussi disponible, mais réduit drastiquement l’autonomie de la montre. Il est à vrai dire plutôt pratique pour les petites journées. De toute façon, il ne faudra pas compter sur une autonomie excellente donc au point où on en est… Malheureusement l’interface se déplace légèrement lors de l’utilisation du AOD au bout de quelques minutes, sans doute pour éviter le screen burn-in, c’est-à-dire de cramer l’écran.
Interface Oppo WearOS
Finalement, pour une montre tournant sous WearOS, la Oppo Watch 41 mm s’en sort plus que dignement. Oppo a retravaillé Android WearOS afin d’y ajouter ses propres fonctions, mais aussi de rendre l’expérience agréable sans pour autant avoir besoin d’une couronne pour faire défiler l’interface. Mis à part afficher l’heure, l’interface permet, après l’avoir déverrouillée à l’aide d’un schéma ou d’un code, d’utiliser la montre.
Le fonctionnement de l’interface révèle une certaine logique. Un geste de gauche à droite permet de faire retour et appuyer sur le plus long des boutons soit revient à l’accueil ou ouvre le lanceur d’applications. Ce lanceur s’organise sous une forme de liste qui affiche 3 x 3 icônes comme le drawer d’Android. Parmi la liste des applications, on retrouve les outils de santé développés par Oppo que l’on retrouve parallèlement à ceux de Google Fit.
La principale force d’Android Wear est sa suite d’applications disponibles sur le Play Store. La possibilité de télécharger des applications tierces qui s’ajoutent aux fonctions existantes nous paraît être le clair avantage de cette montre par rapport à la concurrence. Nous avons donc pu nous diriger avec Google Maps, prendre les transports avec City Mapper ou encore contrôler la musique avec Spotify. Cet hiver, les sports d’hiver seront facilités avec Ski Tracks.
La montre s’initialise depuis l’application WearOS disponible sur le Play Store. Une fois l’application installée et les autorisations garanties, un assistant va guider l’utilisateur dans la configuration initiale de sa montre, surtout en donnant bien toutes les autorisations à Google afin de par exemple pouvoir envoyer les notifications du téléphone à la montre.
Nous devons quand même commenter les choix des cadrans proposés par Oppo. Nous n’avons pas été convaincus par ces derniers. Beaucoup nous montre des ballons ou des bulles sans mettre les informations les plus essentielles : la date, les secondes et le podomètre en complément de l’heure. Par ailleurs, un seul cadran a aiguilles est disponible, qui lui n’est pas si mal fait. On retrouve toutes les informations basiques ci-dessus en plus de la météo.
Hélas, l’indication de la météo n’est pas du plus bel effet, ce qui gâche pourtant un cadrant où tout n’était pas mal parti. Il faudra donc compter sur des applications tierces pour télécharger/customiser ses propres cadrans. Nous avons tout de même été déçus par les applications disponibles à cet effet sur le Play Store qui ne demandent qu’à être achetées ou sont bourrées de publicité. Bien que l’Apple Watch ne soit souvent pas au niveau de certaines montres traditionnelles, forcées d’avouer qu’elle bat quand même la Oppo Watch 41 mm sur ce coup-là.
Fonctionnalités de la Oppo Watch
Beaucoup des fonctionnalités de la montre ont un objectif, la santé. On retrouve donc un accéléromètre permettant d’assurer la fonction de podomètre ainsi qu’un capteur de pulsations cardiaques qui se retrouve au dos de la montre face contre peau. Le tout s’articule avec les applications fournies par Oppo ; dont un assistant de sport, une aide à la respiration, la météo, un réveil ou encore plus curieusement une fonction enregistreur — sans doute pour servir comme un dictaphone. La présence du NFC permet aussi d’utiliser Google Pay sur sa montre, après qu’elle ait été déverrouillée par un code ou un schéma.
Autonomie
Parlons des sujets qui fâchent. L’autonomie de la Oppo Watch 41 mm est clairement un gros défaut pour celle-ci, un point handicapant lors du choix d’une montre pour un consommateur lambda. Une batterie de 300 mA h équipe la montre. Celle-ci arrive à tenir une journée, pas plus. Plutôt, car l’Apple Watch Series 6 arrive à faire autant bien qu’équipée d’une batterie d’une capacité similaire. Nous nous attendions clairement à mieux avec une telle épaisseur.
Force quand même de noter que la montre se recharge très vite. La charge VOOC d’Oppo permet de recharger la montre entièrement en 75 minutes, mais une charge plus courte fera quand même l’affaire, notamment le matin si l’on a oublié de brancher la montre la veille.
Test Oppo Watch 41 mm: Avis
La Oppo Watch 41 mm tente gros. Elle doit s’insérer dans le marché ultra concurrentiel des montres connectées, largement dominé par Apple, premier fabricant de montres (tout court) au monde. Le système d’exploitation ouvert dominant est conçu par Google et traité souvent comme contre-intuitif. En même temps, Oppo doit jouer gros sur le hardware pour rivaliser avec la concurrence.
Sur ce modèle, Oppo choisit un cadran presque carré, un look proche de l’Apple Watch. Cependant, la qualité de fabrication n’est pas au rendez-vous. Les rebords pas homogènes et la visibilité des pixels individuels sur l’écran gâchent l’expérience. La surcouche ColorOS de WearOS est finalement un point fort de cette montre. La marque tente de modifier l’interface de façon réussie pour une expérience meilleure que sur la version stock. La Oppo Watch 41 mm nous a finalement laissé le gout d’une version lite de la Watch 46 mm. Plutôt dommage, car celle-ci dispose d’un écran plus grand, avec des rebords moins épais et un bel écran incurvé du plus bel effet sur une montre.
Si nous devions investir dans une montre connectée WearOS, notre choix finirait très certainement sur une Oppo Watch, plutôt dans sa version 46 mm mieux finie, mais sur une Oppo Watch. En attendant, sur Android, nous nous contenterions d’une bonne vieille montre qui n’affiche que l’heure et sur Apple nous pourrions envisager de commencer à penser à un Apple Watch dans sa version la plus grande avec le bracelet Hermès — parce que.
La Oppo Watch 41 mm est disponible à 249,99 € et la version 46 mm à 349,99 €, ce qui vaut l’investissement.