C’est une nouvelle inattendue en pleine nuit : le géant britannique de l’architecture de puces, Arm Holdings PLC, a décidé de mettre fin à son accord de licence avec Qualcomm Inc., selon un rapport de Bloomberg. Cette décision marque une nouvelle escalade dans le conflit juridique qui oppose ces deux entreprises depuis quelques années.
Tout a commencé en 2021, lorsque Qualcomm a acquis la startup Nuvia, spécialisée dans la conception de puces. Arm a rapidement allégué que cette acquisition violait leur contrat et constituait également une atteinte à la propriété intellectuelle, car Nuvia avait déjà un accord avec Arm pour l’utilisation de sa technologie brevetée. Arm accuse Qualcomm d’avoir repris les licences de Nuvia sans renégocier les termes, ce qui serait contraire à ses conditions d’utilisation. De son côté, Qualcomm a contre-attaqué en affirmant que les termes du contrat d’Arm ne nécessitaient pas de renégociation.
Jusqu’à présent, les négociations entre Qualcomm et Arm portaient principalement sur l’utilisation de l’architecture de processeur d’Arm dans les conceptions de puces comme le Snapdragon X Elite, qui alimente des ordinateurs tels que la gamme Copilot+ de Microsoft et d’autres ordinateurs portables fonctionnant sous Windows pour Arm.
La technologie d’Arm est essentielle dans les dispositifs informatiques à haute efficacité énergétique, notamment les smartphones, tablettes et téléviseurs. Les processeurs traditionnels x86 sont progressivement tombés en désuétude en raison de leurs besoins énergétiques élevés, ce qui a poussé Microsoft à développer des appareils Windows basés sur l’architecture Arm.
La Surface Pro 11 en est un exemple, mais ce dernier différend pourrait avoir des conséquences désastreuses pour ce programme. Bien que le marché des PC Copilot+ soit encore émergent, cette dispute de licence pourrait avoir un impact majeur sur le marché mondial des smartphones, étant donné que de nombreux téléphones Android utilisent des puces Qualcomm.
Qualcomm disposerait de 60 jours pour se conformer à cette rupture de contrat, une manœuvre qui pourrait bien être destinée à forcer l’entreprise à un accord hors tribunal. Seul le temps nous dira si cela aboutira.
Un partenariat en péril
Le partenariat entre Qualcomm et Arm a autrefois transformé l’industrie des semi-conducteurs, contribuant à un changement culturel dans le domaine informatique qui touche désormais presque tous les aspects de la vie humaine. Aujourd’hui, presque tous les appareils électroniques contiennent des composants informatiques, et les fabricants se tournent de plus en plus vers Arm pour améliorer l’efficacité énergétique de leurs produits. Pendant longtemps, les processeurs Snapdragon étaient à l’avant-garde de cette révolution, mais les temps changent.
Arm a déjà annulé les contrats de Nuvia et exige que Qualcomm cesse immédiatement de développer des puces Nuvia basées sur la technologie d’Arm. Arm demande également la destruction de tout stock existant. À ce jour, Qualcomm ne semble pas avoir obtempéré, restant en attente de son contre-procès, qui affirme qu’aucune violation de contrat n’a eu lieu.
Des milliards de dollars sont en jeu dans ce différend, étant donné que Qualcomm génère presque la totalité de ses 40 milliards de dollars de revenus annuels grâce à des puces basées sur les normes d’Arm. Qualcomm a récemment annoncé le Snapdragon 8 Elite, équipé de cœurs Oryon conçus en interne, mais lorsque l’on examine ces cœurs Nuvia de près, ils restent liés aux licences d’Arm.
Le Snapdragon 8 Elite devrait être intégré dans les appareils de l’année prochaine, comme le Samsung Galaxy 25 et les futurs modèles de OnePlus, qui choisissent généralement des puces Qualcomm. Si Arm parvient à mettre un terme définitif aux licences de Qualcomm, l’industrie des smartphones pourrait être bouleversée. Toutefois, Qualcomm, habitué aux batailles juridiques de cette ampleur, semble assez confiant pour penser qu’il pourra s’en sortir, quelle que soit l’issue.