Le marché des claviers mécaniques pour joueurs est plus saturé que jamais. Chaque marque en propose au moins trois, dans toutes les gammes de prix. Même pour les claviers mécaniques abordables, le choix n’a jamais été aussi élevé. Il est donc de plus en plus difficile pour les constructeurs de sortir du lot, mais pas pour Razer.
Le BlackWidow est objectivement la gamme la plus populaire de toutes. Chaque gamer en a déjà entendu parler, s’il n’a pas déjà eu une version de ce clavier mythique. C’est un modèle que Razer vend sous plusieurs déclinaisons depuis plus de dix ans, avec certes des hauts et des bas, tout particulièrement en termes de qualité de construction. Ceci dit, ces dernières années, la marque s’est drastiquement améliorée sur ce point, ce qui a fait des BlackWidow, des claviers plutôt unanimement recommandés.
Ce BlackWidow V3 va-t-il continuer sur le chemin qu’ont commencé à tracer les précédents modèles, ou bien Razer est-il retombé dans ses vielles habitudes ? Découvrons cela ensemble.
Design
Cette troisième génération du BlackWidow est celle qui apporte le plus de rafraîchissement à la gamme en dix ans. On a certes vu différentes textures, différentes finitions, mais quand on pense à BlackWidow, l’image qui nous revient est toujours la même. Celle d’un clavier en plastique, avec des touches non pas flottantes, comme celles du plus grand concurrent Corsair, mais plongées dans le châssis.
Sauf qu’ici, on retrouve un clavier avec des touches flottantes, laissant exposée une backplate en métal noir mat, a première vue magnifique, mais bien moins quand elle aura aspirée toutes les poussières de votre chambre.
La V3 n’est pas le premier BlackWidow à proposer des touches flottantes, ce titre revient au BlackWidow X, un clavier que Razer ne produit déjà plus depuis quelques années. Quant à la forme, cette nouvelle édition est la première à abandonner l’iconique forme polygonale, qui était littéralement devenue l’ADN de la gamme.
A la place, on a le droit à cette nouvelle forme plus rectangulaire, que nous avons plus tendance à associer avec un Razer Huntsman, si ce n’est pour le micro repose poignet, seule aspect du design qui est resté du BlackWidow original. Sauf que carré et avec un petit « repose pouce » abritant le logo Razer, c’est aussi la description du Cynosa V2, le clavier le moins cher de la marque. On se trouve donc en face d’un clavier avec une réputation haut de gamme possédant le même design qu’un entrée de gamme, même pas mécanique.
Ne vous détrompez pas, le BlackWidow V3 reste un beau clavier, après tout, si Razer excelle dans un domaine c’est bien le design. Seulement, les formes des précédents BlackWidow étaient ce qui les différenciaient de toute la concurrence. Quand on en voyait un, on se disait pas simplement « ah, un clavier », mais « ah, un BlackWidow ». Ses traits le différenciaient de toute la concurrence, et quand Razer les abandonne, il remet en même temps ce clavier parmi tous les autres, avec plus grand chose qui ne le différencie.
En termes de matériaux, comme évoqué plus haut le dessus du clavier se compose d’une fine couche d’aluminium noir mat sans effet particulier. Cette couche est presque trop fine, à côté de l’imposant plastique dont est fait tout le dessous ainsi que les côtés. Tout cela créé un clavier d’un poids respectable.
Le BlackWidow V3 est un clavier au format complet, c’est à dire qu’il dispose d’un clavier mécanique, en plus des touches fléchées et fonction. Voire un peu de classique est presque rassurant, venant de la marque qui veut introduire le format 60% sur le marché mainstream, à travers le Huntsman Mini. Un clavier au format complet n’est, par nature, pas un clavier qui cherche à être particulièrement compact, et ça ne change pas avec ce BlackWidow. Il prendra donc un peu de place sur votre bureau, mais pas plus qu’un autre.
Caractéristiques techniques
Modèle | Razer BlackWidow V3 |
Type de clavier | Gamer |
Type de switchs | Mécaniques |
Switchs | Razer Green |
Durée de vie | 80 millions d’activations |
RGB | 16,8 millions couleurs |
Repose-poignets | Oui |
Logiciel | Razer Synapse |
Les switches : Razer Green
Razer ont été parmi les premiers à annoncer leurs propres switches, les Razer Green. C’était un pari risqué, en 2014 Cherry était toujours le constructeur dominant et les autres obtenaient facilement le titre de piètres copies, peu respectées. Même les différents tests montraient peu d’objectivité en face de ces « contrefaçons ». Ce sont les mêmes switchs qui sont utilisés par ailleurs sur le Razer Pro Type Ultra, très bon clavier au demeurant.
On ne pouvait pas plus se tromper, avec le recul il était facile de voir que Cherry palissait face à la concurrence, laissant ainsi son trône à des fabricants comme Kailhua, le premier à avoir fabriqués les fameux switches verts, plus tard accompagné par Greetech. Ces différents fabricants utilisés pour ce qui semble pourtant être le même switch nous empêche donc d’introduire cette section du test par un « comme nous nous y attendons », car tous les six mois les Razer Green ont un feeling différent.
Ainsi, en décembre 2020, les Razer Green est un switch plutôt tactile, avec cependant un point de feedback plus bas que ce que l’on pouvait retrouver précédemment. Ceci rend le switch difficilement recommandable aux joueurs de jeux comme Osu!, car la perte de réactivité entraînée par cela est juste trop importante. De l’autre côté, pour des jeux comme CS:Go ou Valorant, cela ne posera absolument aucun problème.
Ce point tactile, ou ce click, n’a pas le meilleur feeling. Il nous rappelle d’autres imitations de switchs bleus sur des claviers extrêmement bas de gamme. En somme, quelque chose que l’on ne veut pas trouver sur un clavier à ce prix là.
La pression d’activation après le click semble être moins élevée, ce qui rend la frappe un peu moins fatigante et moins étrange. C’était quelque chose avec quoi nous avions un peu de mal avec l’ancienne génération, et nous sommes heureux de voir que cela a été changé.
Le bruit produit par le switch est bien plus important que précédemment. Le design flottant des touches, n’y est sans doute pas pour rien, mais en plus d’un son plus fort il est possible d’entendre une résonance métallique, souvent présente sur les claviers les moins chers. En d’autres termes, un son que l’on ne souhaite pas voir sur un clavier de cette gamme.
Si ce n’est donc pour le son, le Razer BlackWidow V3 dans sa déclinaison Razer Green reste toujours un excellent clavier pour l’écriture tout comme pour le jeu, sauf dans certains exemples très particuliers.
Finalement, les switchs Razer Green sont résistants à l’eau et à la poussière. Vous ne pourrez évidemment pas noyer le clavier dans l’eau, mais si votre verre se renverse, au moins vous avez un peu de chances pour que le clavier ne soit plus inutilisable.
Le repose-poignet
Nous étions obligés de faire une section à part, car c’est quelque chose que nous ne comprenons simplement pas sur ce BlackWidow V3. Razer était la première marque à faire de bons repose-poignets. Celui du BlackWidow V2 et tous les autres modèles de la marque jusqu’à là étaient faits d’un similicuir rembourré extrêmement confortable. Ils étaient aimantés, contrairement à tous les autres repose-poignets qui s’attachaient avec des tout petits morceaux de plastique fragiles. En quelques mots, ils étaient parfaits.
Ici, Razer nous propose un repose-poignet en plastique dur assez peu confortable, même pas aimanté. Si vous bougez le clavier, le repose-poignet ne suit pas. De plus, il est très léger et, malgré la présence de patins antidérapants, glisse beaucoup. Le fait de poser vos poignets dessus suffit à le déplacer.
Ainsi, le repose poignet du BlackWidow V3 est une grande déception. Il rend presque le clavier plus cheap, une fois placé devant. Nous avons donc préféré le laisser de côté pour la majorité de ce test.
Les keycaps
Les touches – ou keyacps – de ce Razer BlackWidow V3 sont faites d’un plastique ABS d’extrêmement bonne qualité. C’est un point sur lequel Razer ne cesse de s’améliorer depuis l’utilisation de touches PBT sur le Razer Huntsman TE. Un plastique PBT est souvent considéré comme de meilleure qualité. Il est plus épais, plus solide et apporte, selon l’opinion populaire, une frappe et un son plus agréable.
L’ABS est souvent le choix de tous les constructeurs mainstream. Il est beaucoup moins cher, mais également moins solide, on le voit souvent devenir brillant au bout de quelques mois d’utilisation. L’expérience de frappe est souvent moins bonne de part la finesse du plastique, ce qui entraîne également un son moins satisfaisant.
Cependant, il est souvent oublié qu’il est possible de faire du bon ABS, et c’est le cas sur ce BlackWidow V3. Les touches sont aussi épaisses qu’une touche PBT, la texture est tout aussi excellente tout comme la qualité de frappe.
Les keycaps de ce BlackWidow V3 sont simplement les meilleurs keycaps ABS, toutes marques confondues. Certains réussissent même à faire des touches PBT moins bonnes que les keycaps ABS de Razer.
Fonctionnalités
Pour la première fois sur la gamme BlackWidow, Razer a décidé d’inclure une molette de volume et des contrôles multimédia dédiés. La marque a cependant choisi de les intégrer d’une façon un peu originale. La molette est assez classique, si ce n’est pour sa taille plus grande que ce que nous avons l’habitude de voir, mais les contrôles multimédia sont regroupés dans un seul bouton.
Ce dernier fonctionne un peu comme ce que l’on s’attend à voir sur un casque ou des écouteurs. Un clic met en pause et relance la musique, deux clics jouent le morceau suivant et trois clics le morceau précédent. Ce système à l’avantage de prendre moins de place que quatre boutons dédiés, qui sont déjà bien mieux qu’une combinaison de touches fonction.
En plus des touches multimédia, nous retrouvons l’habituel raccourci pour désactiver la touche Windows, ainsi qu’un mode pour enregistrer des macros. L’enregistrement ne prend pas compte des clics de souris, pour cela il vous faudra utiliser le logiciel Razer Synapse
Razer Synapse
Le driver de Razer, Synapse 3, est un logiciel assez polarisant. D’un côté, c’est sans doutes le logiciel le plus complet de tous. Pas grand chose n’est impossible de faire avec, que ce soit en terme de rétro-éclairage, de macros ou bien de paramétrage.
De plus, Razer Chroma, qui est la partie RGB de Synapse, à l’avantage de disposer d’un grand nombre d’intégrations, que ce soit avec des objets physiques comme les lampes Philips Hue ou NanoLeaf, mais également avec des logiciels ou des jeux. Le catalogue de jeux intégrés avec Razer Chroma est le plus important, par rapport à la concurrence. Cependant, de part sa nature très complète, Razer Synapse est assez lourd et peut subir quelques lenteurs. Nous trouvons quand même que, au vu des drivers concurrents, le logiciel de Razer s’en sort très bien.
Nous apprécions également qu’il n’est plus obligatoire de disposer d’un compte Razer pour utiliser le driver. La marque a également choisi de ne brider aucune fonction si l’on ne dispose pas de compte. La seule chose que vous manquez en utilisant le mode invité est donc la synchronisation dans le cloud, intéressante seulement dans le cas où vous changez beaucoup de PC.
Le rétro-éclairage RGB
Razer Chroma, le système de rétro-éclairage de tous les claviers de la marque, est le système RGB le plus populaire du marché. Le paramétrer depuis Razer Synapse est un jeu d’enfant, que ce soit en utilisant les pré-configurations rapides, ou bien en passant par le configurateur avancé.
Nous apprécions le rétro-éclairage lumineux malgré l’absence d’une backplate blanche, mais également la fluidité des animations même à la vitesse la moins lente. L’intégration parfaite avec les autres périphériques de la marque est également un bon point positif.
Test Razer BlackWidow V3 : Avis
Le Razer BlackWidow V3 est un clavier assez polarisant. D’un côté, les keycaps sont excellentes, tout comme le sont les contrôles du volume et de la musique. Les switches sont également résistants à l’eau. Tout cela fait du BlackWidow V3 un clavier plutôt résistant.
De l’autre, ces switches, malgré leur solidité, sont loin d’être les meilleurs que Razer ait produit, avec un feeling presque cheap. Le repose est lui aussi assez décevant, n’étant ni rembourré ni magnétique.
Plus subjectivement, nous trouvons dommage l’abandon du design classique de la ligne BlackWidow. C’était quelque chose qui séparait réellement ce clavier de tous les autres, et voir Razer en faire un produit qui ressemble tant à la concurrence est un choix que nous ne soutenons pas.
Finalement, le plus gros concurrent au BlackWidow V3, c’est presque le BlackWidow lui-même. A 179€, soit 30€ de plus que les 149€ du BlackWidow V3, le BlackWidow Elite semble être un choix bien plus intéressant. Le repose poignet intégré est de bien meilleure qualité, tout comme les switches. Si vous pouvez vous passer des contrôles multimédia dédiés, à 129€, le BlackWidow « standard » est un clavier presque identique, à quelques détails près.